02 - L’Occident refuse de voir la complexité des « Autres » | L'Iran, déçu mais debout | RoohSavar
Les conflits sociétaux en Iran représentent une confrontation entre deux modes de vie, entre deux perceptions différentes de cette société iranienne complexe : l’une veut imposer son modèle à l’autre.
« L’image est plus sexy pour les réseaux et les médias [occidentaux]. Mais elle ne correspond pas à la réalité actuelle. Peu de femmes sont dans les manifestations… »
Ceci est le témoignage d’une amie journaliste à Téhéran qui me parlait des émeutes de 2017 en Iran. C’était pour la première fois qu’autant de villes d’Iran étaient touchées par un tel mouvement de contestation dans les rues depuis 20091.
Cependant, c’est une autre image qui devient virale dans les médias occidentaux à ce moment-là. Le 26 octobre 2017, Vida Movahed, une jeune femme iranienne enlève symboliquement son foulard blanc pour protester contre le hijab obligatoire en Iran dans la rue de la Révolution islamique, à Téhéran. Sa photo, devenue virale, est diffusée rapidement sur les réseaux sociaux en Iran sous le nom de "la fille de la rue de la Révolution". Mais l’acte passe inaperçu dans les médias occidentaux. C’est une affaire interne marginale qui ne suscite aucun intérêt en dehors du pays.
Quelques semaines plus tard, un autre évènement secoue l’Iran. Des milliers d’Iraniens manifestent dans plusieurs villes contre l’augmentation de 200% du prix de l’essence et de manière générale, contre le coût élevé de la vie. On pourrait presque les qualifier de “Gilets jaunes iraniens”. Cependant, dans les médias occidentaux, c’est la photo de la « fille de la rue de la Révolution » qui devient le symbole de ces manifestations. Le geste étant très fort et la photo très touchante, elle finit par rapidement se répandre, même sur la toile internationale.